Olivia était allongée sur son lit, sur les couvertures encore défaites de ce dernier, la tête à la place des pieds et les pieds à la place de la tête, bien qu’elle ait prit soin de déplacer un oreiller et un traversin tout de plumes rembourrés pour éviter que sa tête ne s’appui directement sur le rebord en bois du lit, dont la dureté n’aurait pas manqué d’être inconfortable.

Le jour venait tout juste de finir de se lever et Olivia portait encore sa chemise de nuit, par-dessus laquelle elle avait enfilé un déshabillé en satin rose brodé au niveau des manches et de l’encolure et fermé par trois boutons au niveau de sa poitrine, qui contrastait d’autant plus avec l’épaisse chevelure foncée de la jeune femme, que celle-ci était encadrait encore librement son visage. Ses cheveux étaient épais, souples, ni raides, ni ondulés et descendaient en pointe jusqu’au bas de son dos. Dans la journée néanmoins, elle les portait rarement libres, mais en faisait de complexes coiffures relevées ou une longue natte agrémenté de fil d’or.

Ce matin, Olivia était aussi pensive et préoccupée, plus encore que les matins précédents peut-être, mais ses cheveux n’avaient rien à voir avec cela. Non, Olivia ressassait seulement les sources d’inquiétude qui étaient les siennes depuis son arrivée à Camelot et depuis la mort de son père. En théorie, elle n’était pas sans protection : il y avait son oncle et suzerain (puisqu’il avait été celui de son père, il était aussi le sien) et peut-être même qu’il avait aussi le roi de Camelot qui avait si généreusement accepté de lui offrir l’hospitalité de son château.

Elle doutait néanmoins que le roi n’ait que la recherche de solutions à ses problèmes en tête –ce qu’elle ne lui reprochait pas, bien au contraire, tandis qu’elle était toujours incertaine des sentiments que pouvait avoir son oncle à son égard.

Elle s’inquiétait peut-être pour rien –sa belle-mère semblait penser ainsi, mais cela n’empêchait pas Olivia d’avoir l’impression de ne plus être aussi bien protégée qu’avant ni de se sentir dans une position inconfortable. Car qu’en était-il de Hamer ? Etait-il vraiment mort ? Devrait-elle encore l’épouser s’il ne l’était pas ? Olivia grimaça légèrement en y pensant : elle avait plutôt été bien disposée à son égard à l’époque de leur fiançaille –parce qu’ils étaient fiancés justement, mais il semblait déjà appartenir à de l’histoire ancienne pour elle et, maintenant qu’elle ne voyait que comme un candidat comme un autre, elle n’était pas certaine qu’il ait sa préférence. Sa grimace s’accentua encore à ses pensées : elle se faisait l’effet d’être une ingrate –n’avait-il pas justement disparu en tentant de venger son père et la mise à sac du village qui entourait leur château ?

Olivia se sentit honteuse d’avoir eut de telles pensées, mais son inquiétude reprit bientôt le dessus : si elle ne devait pas ou plus épouser Hamer, qui devrait-elle épouser ? Et surtout qui prendrait la décision ? Son oncle, le roi, elle-même ?

Elle faillit rire à cette pensée : elle-même… était-elle inquiète au point de devenir aussi déraisonnable ? Elle-même ? Avait-on déjà entendu une idée aussi insensée ?

Malgré l’ironie moqueuse qu’avait déclenchée cette pensée dans son esprit, Olivia avait continué à lisser la mèche de cheveux qu’elle avait dans les mains (ce qu’elle faisait toujours si elle le pouvait quand elle réfléchissait de la sorte), lorsqu’elle entendit des pas dans le couloir qui annonçait surement la venue de Quinn, sa jeune servante.

Quinn était certainement déjà passé dans sa chambre : un feu crépitait dans la cheminée, alors qu’il n’en brûlait jamais de la sorte la nuit. Autant Olivia aurait trouvé étrange de se préparer toute seule pour la journée –même si elle s’habillait en partie abritée derrière un par-avant, autant elle n’aimait pas que quelqu’un lui tourne autour pendant qu’elle émergeait, l’absence de Quinn était donc normale. Ce qui l’était peut-être moins, ce fut le petit coup d’œil qu’elle se surprit à vouloir jeter vers la porte afin de voir dans quel état d’esprit se trouvait la jeune femme ce matin. La journée s’annonçait néanmoins pénible, quelque soit l’humeur de Quinn, si elle ne trouvait pas rapidement quelque chose à faire, car son esprit ne dévia alors même pas sur une réflexion sur les relations normales entre maître et serviteur, comme cela lui arrivait généralement quand elle pensait à Quinn.

Elle entendit encore la porte de sa chambre s’ouvrir, mais ne bougea pas, ses pensées inquiètes étaient revenues et tournaient en rond dans son esprit, sans lui fournirent pour autant la moindre idée qui lui permettrait de se sortir de ce qu’elle voyait de plus en plus comme une impasse.