On attend d'une noble qu'elle ait la douceur, le savoir et la beauté avec elle, mais, qu'en plus, elle soit capable de donner de beaux enfants bien robustes à leur mari.
On attend d'une dame de compagnie qu'elle soit discrète, gentille, serviable, et qu'elle couvre les escapades nocturnes des belles dont elles sont souvent les amies. Enfin, les nobles dames s'attendent à ce qu'elles le fassent.
Pourtant, notre jolie demoiselle est loin d'être tout ça. Pour sûr qu'elle se plie aux exigences de sa maîtresse en ayant pour elle une admiration réelle, évidemment qu'elle se montre gentille et attentionnée, qu'elle ment quand la belle le lui demande ou qu'elle dissimulerait ses fuites dans le cas où cette dernière le lui demanderait. Mais elle n'est ni discrète ni humble devant ses supérieurs, et, au contraire, elle se fiche volontiers de tout ce qu'ils peuvent penser. D'ailleurs, peu lui en font la remarque, et c'est toujours avec une pointe d'ironie qu'elle leur fait la remarque qu'elle, aussi, elle possède un nom. Certes, terni par les guerres qui ont massacrées une bonne partie des paysans, entraînant une famine irrémédiable puis une faillite totale, mais il n'en demeure pas moins qu'elle est de petite noblesse, et que ses enfants le seront aussi. La jeune femme ne joue pas de son charme comme le fait la splendide dame dont elle est la demoiselle de compagnie, Viviane, mais elle reste tout de même jolie comme un coeur avec ses grands yeux bleus et ses boucles blondes. Elle attire les regards, certes, mais les répliques renvoient souvent ses possibles soupirants aller voir ailleurs. Car, après tout, elle ne cherche pas un beau jeune homme qui la prendrait pour femme car elle est juste belle et intelligente (elle sait lire le latin et le grec, deux notions que son précepteur lui a enseignées en plus du français normal et de l'anglais), à vrai dire, elle se contenterait d'un sexagénaire malade et stupide, pour peu qu'il lui assure une place de choix dans les seigneuries. Elle est prête à tous les sacrifices dans ce but.
Ce qui est d'ailleurs une bien belle preuve de son courage, de sa volonté, mais également de sa détermination Et puis, si l'amour se fait sentir au point qu'elle en devienne dépendante, elle prendra un amant, ça ne la dérange aucunement. Elle est très ambitieuse, et n'hésiterait pas à n'importe quelles crasses (sauf sur Viviane, seule personne à sa connaissance ayant un caractère encore plus épouvantable que le sien, qu'elle respecte plus ou moins pour cela) histoire d'arriver à ses fins.
Enfin, en dehors de ses rêves de conquête de pouvoir et de ses envies mégalomanes, elle demeure une compagne de jeu sympathique, qui affiche un corps léger idéal (leste et souple) pour les courses de vitesse qu'elle peu effectuer avec quelques unes de ses amies ou seule dans les bois quand l'envie lui en prend. Oui, notre charmante blonde peut se révéler enfantine et joueuse, le plus souvent avec les femmes et les enfants de son entourage car en présence d'un homme, elle a tendance à se fermer. Même si ça ne l'empêche pas de chercher à séduire les plus puissants dans l'espoir d'avoir une faveur quelconque.

On ne peut pas parler d'une enfance particulièrement heureuse pour notre jouvencelle. Pas de véritable amour maternel, un père plus occupé à trafiquer pour ses futurs héritiers qu'à s'inquiéter pour ses terres et sa fille. Et une menace de guerre sur le vieux château toujours plus présente chaque jour.
Pendant les premières année de vie de la jeune femme, ce fut un précepteur qui s'occupa le plus d'elle alors qu'une femme de chambre lui enseignait quelques rudiments de broderie. Pourtant, la jeune femme qui s'était souvent lamentée sur son sort, sur le peu d'attention que lui portait ses parents, se trouva fort embêtée lorsque sa mère prit enfin le temps de lui inculquer quelques leçons de danse, de maintiens, et d'équitation (la montée en amazone se révéla d'ailleurs fort douloureuse, et Ellane ne l'utilisa presque jamais). On lui fit la morale sur ce qu'il fallait faire ou non, on lui apprit qu'elle se devait de paraître humble devant les grands pour se faire remarquer comme une fille bonne à marier. Si bien qu'à à peine treize ans la petite se sentait déjà envahie par ces préceptes qui achevèrent de lui voler son enfance à peine colorée pour le monde froid et calculateur des adultes. Et depuis elle n'eut de cesse de vouloir se faire aimer des grands, tout en les détestant et en ayant peur d'eux. La haine vint tard, à ses quinze ans. Lorsqu'ils furent obligés de fuir leur château, assaillit par un voisin qui voulait arracher à la famille de la belle ses maigres terres pour les ajouter à sa collection. Elle pleura beaucoup. De rage et de colère.
Ensuite la jeune fille n'eut de cesse de vouloir retrouver ce rang perdu, qu'importait les moyens. En apprenant que la splendide fille d'un seigneur voisin allait se rendre à Camelot, elle se fit portée volontaire par son père. Et n'eut d'autre choix que d'accepter. Aussi, pendant deux ans elle fut la dame de compagnie de Viviane. Ajustant les corsets, lissant les robes, aimant toucher les parures de la belle, n'en voyant plus trop elle même depuis longtemps. Et puis, la jolie blonde connu elle aussi le revers de la médaille, plus malheureux que la beauté blonde, son père mourut.
Et ainsi, alors qu'Ellane voyait ses chances de rencontrer un seigneur digne d'elle s'évaporer, elle pu retourner chez elle. On pleura beaucoup le maître, elle aussi, ça n'était qu'une pièce de plus dans le coffre rempli qui était sa souffrance.
Ainsi son destin mis à l'unique service de Viviane se trouva mêlé à un nouvel espoir, elle ferait tout pour regagner son rang. Et elle se voyait bien Dame à la place de certaines dames.