« You are what you are. Nothing more. Nothing Less. »

Décrire quelqu’un n’est jamais quelque chose d’aisé. Jensen est tout, sauf quelqu’un de simple. Je vais tenter, pour vous, de décrire son caractère, mais sachez que ça n’en sera qu’une ébauche, impure, imparfaite, et incomplète. Pour vous faire une idée de son caractère bien précis, il vous faudra la rencontrer.

Aux premiers abords, Jensen est quelqu’un de sympathique, et qui sourit souvent. Enfin, ça dépends dans quelles circonstances, je veux dire, dans des circonstances normales, la jeune femme est accueillante. Surprenez-là en pleine nature, et je pense que vous regretterez de l’avoir jugée bien vite. Son caractère change aussi vite que tourne le vent. Néanmoins, c’est à tempérer, elle n’est pas une sauvage, et a été très bien élevée. Elle connait les us et coutumes de Camelot parfaitement, alors même qu’elle n’a jamais mis les pieds dans la région. Son éducation est parfaite ; ce qui ne fait pas d’elle quelqu’un de parfait, loin de là. Elle est humaine, et comme toute humaine, a de gros défauts. Elle serait prête à faire n’importe quoi pour sauver les gens qu’elle aime. Elle est loin d’être stupide et même si parfois elle ne dis rien, elle sait observer. Mais elle est parfois bien trop susceptible, et la moindre remarque la fait démarrer au quart de tour. Niveau colérique, on peut dire qu’elle explose tout le monde, car, oui, quand Jensen se met en colère, mieux vaut ne pas être l’objet de cette dernière. Elle peut alors devenir blessante, et dire des choses qu’elle ne pense pas et qu’elle regrettera après cela.
C’est avant tout - et surtout - quelqu’un qui possède un courage totalement démesuré. Même si la situation paraît perdue, Jensen ne perd jamais espoir, et se lance à corps perdu dans sa mission. Mais la jeune femme a horreur qu’on lui donne des ordres ; elle est très douée pour les contourner et enfreindre les règles. Sa liberté, elle y tient. Elle a aussi un don inné pour s’attirer tous les ennuis possibles et imaginables, pourtant, elle s’en sort toujours (ou pas) avec plus ou moins de dégâts.
Que dire d’autre ? Mademoiselle n’est pas toute fragile, mais elle a malgré tout un cœur, et elle reste sensible. Un réplique bien placée peut faire plus de mal qu’un coup d’épée, vous savez.

« No one can blame you if you want to go home. »

Pour connaître l’histoire de Jensen Locksley, il faut s’éloigner du royaume de Camelot. La demeure des Locksley est située loin au Nord du pays, à quelques milliers de lieues du mur d’Hadrian. Son nom ? Nottingham. Le père de Jensen, Marcus Locksley, seigneur de York, dirigeait sa cité avec force. Nul n’osait lui reprocher quoique ce soit, car si Marcus était connu pour sa bonté, il l’était aussi pour son peu de pitié. Son épouse, Marlinda Locksley, était une femme d’une grande beauté, mais qui ne disait jamais rien. La naissance de leur première fille fut la joie de la ville de York. On fêta dignement la naissance, à renfort de grands banquets, et nul doute que durant cette période-là, de nombreux enfants furent conçus.
Les premières années de la vie de Jensen se déroulèrent sans encombre, bien qu’elle ne connu jamais le sein de sa mère, cette dernière ayant préféré confier Jensen à une nourrice. Grand bien lui aie pris ce jour-là ! Sa mère se fichait pas mal de son enfant. Elle l’aurait laissée mourir de faim si Marcus n’était pas intervenu et n’était pas entré dans une colère noire.
Lorsque Jensen fut en âge d’apprendre à lire et à écrire, elle fut confiée aux bons soins d’un précepteur. Malheureusement, ce pauvre homme eut toutes les peines du monde à essayer d’inculquer les bases de la lecture à la gamine, qui, elle, ne songeait qu’à une chose : s’amuser. Son père intervint, et aussitôt, elle changea de comportement, et se mit au travail. En l’espace d’un ans, elle savait lire, écrire, compter, et connaissait presque l’histoire de la Bretagne entièrement. Avec l’âge, elle l’oublia, mais tout ce qui importait à Jensen, c’était de voir dans les yeux de son père, les étoiles de la fierté. Mais si son éducation de lady était parfaite, son père ne s’arrêta pas là. Alors que Jensen venait de franchir sa onzième année, il l’amena dans la cour ou s’entrainaient ses hommes d’armes.
« Jensen, vois-tu, il ne suffit pas d’être bien élevée pour se faire respectée. Il faut aussi s’en donner les moyens. »
Elle hocha la tête. Son père lui tendit une épée de bois.
« Tu vas commencer avec ça pour l’instant. Va voir Gammelin. Il t’enseignera les bases, et fera de toi une épéiste douée. »
Jensen ne protesta pas. Toute sa vie elle avait rêvé d’aventures, et voilà que son père lui offrait une opportunité unique ! Elle savait que les femmes n’avaient pas le droit d’être chevaliers, mais elle s’en foutait, ce n’était pas là son but. Elle voulait devenir comme son père qu’elle admirait tant. Elle devint en quelques années une épéiste confirmée, d’autant que son père s’était arrangé pour qu’elle apprenne dans le même temps à monter à cheval. Cavalière hors-pair, elle faisait des jaloux parmis les hommes de main de son père. Elle aurait pu épouser n’importe lequel d’entre eux, mais son père ne semblait pas avoir de tels projets pour elle pour l’instant. Lorsque Jensen eut quinze ans, sa jeune sœur en avait tout juste sept. Un lien très étroit s’était construit entre les deux filles, bien que l’une soit légitime, et l’autre non. En effet, Marissa, la sœur de Jensen, n’était pas le fruit de l’amour entre Marcus et Marlinda. Lorsque, un matin, une paysanne demanda à voir Marcus, elle avait avec elle une gamine de six ans. Elle annonça que c’était la fille de Marcus, et qu’il devait s’occuper d’elle. L’affaire fut houleuse, mais finalement, après quelques têtes coupées, Marcus adopta la gamine. Depuis, plus personne n’ose ne serait-ce que mentionner que Marissa n’est pas tout à fait du sang de Marcus.
Les années passaient, et Jensen grandissait. Elle avait acquis une maturité et une beauté rares, mais elle n’était plus dupe. Son père l’avait élevée ainsi pour une raison. Cette raison, elle ne tarda pas à la découvrir, un soir, alors qu’elle rentrait d’une promenade à cheval. Généralement, à son retour, la table était dressée, et tout le monde l’attendait. Ce soir-là, les tables avaient étés repoussées contre les murs. Son père l’attendait, mais il n’était pas le seul. Marissa était là aussi, mais bâillonnée, assisse, pieds et poings liés. Sa mère, impassible, assise sur son trône, toisait Jensen du regard.
« Père, commença-t-elle, que se passe-t-il ? Pourquoi..?
▬ Tais-toi et écoute. Tu vas aller dès ce soir dans le Sud. Uther Pendragon, roi de Camelot, organise une grand fête. Tous les chevaliers y sont conviés. Que je soit damné si je lui en envoie un seul ! Comme si nous n’avions pas assez de problèmes comme ça, ce vieux fou veut me laisser sans défenses !
▬ Mais …
▬ Que t’ais-je dit ? Tais-toi ! Siffla Marcus, détestant qu’on lui coupe la parole. Tu vas aller à Camelot. Tu vas y espionner pour moi. Me rapporter toutes les faiblesses d’Uther et de son très cher Arthur. Je veux tout savoir, tu m’entends ? Ne t’avises surtout pas de me trahir, Jensen, ou ta sœur en pâtira. Tu sais comment je peux être susceptible. »
Jensen laissa exploser sa colère.
« Alors c’est pour ça hein ? Pour ça que tu m’as appris à me battre ? Pour ça que tu m’as entrainé toutes ses années ? Tu sais quoi ? Tu viens de briser toute l’admiration que j’avais pour toi. L’admiration d’une fille pour son père ! Tu me menaces en jetant la vie de ma sœur comme si elle n’était rien pour toi !
▬ Elle n’est rien pour moi ! Et je te demanderais d’adopter un autre ton avec moi, jeune fille.
▬ Je ne suis plus ta jeune fille, quand t’en rendras-tu compte ? Ne t’est-il pas un seul instant venu à l’esprit que tu aurais pu me le demander, avant de me menacer moi et Marissa ? Non, bien sûr, t’es trop entêté de toute façon !
▬ Je te ferait couper la tête pour ces paroles, Jensen !
▬ C’est ça, ouais ! Coupe-moi la tête ! Qui ira espionner pour tes beaux yeux, hein ? De toute façon, c’est ça ta résolution de problèmes : on coupe les têtes de tous le monde !
▬ Jensen, ne me pousses-pas à bout …
▬ J’vais y aller à Camelot. Pas pour toi. Pas pour ce pays de merde. Pour Marissa. Mets-toi ça dans le crâne, si je fais ça, c’est pour elle et uniquement elle. Vous êtes tous d’horribles monstres. »
Avant que quiconque n’aie pu l’arrêter, Jensen sortit de la salle, en claquant les portes. Ce qu’elle ne savait pas, en revanche, c’est qu’à peine sortie du château, sa sœur était déjà morte, tuée sous la colère de Marcus.

Voilà deux jours qu’elle chevauchait sans arrêt vers Camelot. Son cheval était luisant de sueur, et elle le tenait par la bride, quand elle aperçut, devant elle, une charrette. Lorsqu’elle s’approcha de la charrette, un homme au visage burriné par le soleil, mais au sourire communicatif s’approcha d’elle.
« Par ou allez-vous, cher monsieur ? Demanda Jensen, arborant elle aussi un sourire.
▬ Nous nous rendons à Camelot. Et vous, gente dame ? Vous avez bien l’air fatiguée.
▬ Je suis la même route que vous. J’ai quitté York il y a deux jours.
▬ Par tous les dieux, vous devez être exténuée ! Attendez … vous avez bien dit York ? »
Jensen fronça soudainement les sourcils. Le sourire avait disparut du visage de l’homme.
« Oui. Qu’y a-t-il ?
▬ On dit que Marcus Locksley est devenu fou. Qu’il aurait tué sa plus jeune fille. »
Un frisson d’effroi parcourut le dos de Jensen. Marissa ? Elle devait savoir.
« Vous savez comment elle était ?
▬ Eh bien à ce qu’on dit … Elle avait des cheveux blonds, longs, de grands yeux bleus … un peu comme les vôtres. Vous êtes sûre d’aller bien ?
▬ Je .. J’ai juste besoin d’un peu de sommeil …
▬ Montez dans la charrette, je vais vous conduire à Camelot. Allez n’ayez crainte ! Puis-je au moins connaître votre nom ?
▬ Jensen …
▬ Vous voulez dire .. Jensen Locksley ?.. Bref, on verra ça plus tard, vous avez besoin de repos, et tout de suite ! »
Le charretier l’escorta comme il l’avait promis jusqu’à Camelot. Leur chemin se séparèrent sur les marches du château. Jensen ignorait ou aller, aussi lui indiqua-t-il la salle du trône, ou elle serait présentée au roi.