Le mépris et la prétention. Deux termes qui, à première vue, auraient facilement pu qualifier le prince de Camelot. Arthur Pendragon est effectivement comme la plupart des membres de la noblesse. Présomptueux et souvent agaçant, sa personnalité ne se résume heureusement pas qu'à ces défauts peu glorieux. Sous cette apparence de petit prince imbu de lui-même se cache en réalité un homme d'une noblesse de cœur infinie, qui ne fait que s'accroître de jour en jour. Ce sens aiguisé de la justice allié à un courage inouï font de lui un homme des plus honorables, dont la droiture ne connaît que peu d'égale. Un courage si développé, qu'Arthur serait capable de sacrifier sa vie pour l'un des habitants de Camelot, c'est indéniable. D'ailleurs, c'est ce simple fait qui le rendra probablement un meilleur roi que ne l'est son père.
Mais d'autres traits le distingue encore plus d'Uther si cela est encore possible, telle que son empathie à l'égard du peuple de Camelot, ou son ambition dévorante et incessante : le désir ardent de les servir et les protéger, deux choses qu'il essaie subtilement d'accomplir sous le règne tyrannique de son père.
Peut-être est-ce l'inexpérience et naïveté de la jeunesse, mais il est certain qu'Arthur est beaucoup plus ouvert d'esprit que ne l'est l'actuel titulaire de la couronne, et s'avère, par conséquent, sur la voie de devenir le roi idéal sur lequel Guenièvre fonde tant d'espoirs.

« J’ai peur, j’ai si peur Nimueh. »

La voix sanglotante de la reine Ygraine n’était qu’un murmure à peine perceptible. Ses boucles blondes étaient plaquées contre son front, et ses yeux avaient peine à rester ouverts. Mais la reine de Camelot tenait bon. Elle s’était promis de ne pas quitter ce monde sans avoir vu le visage de son enfant, son précieux petit garçon. Arthur Pendragon. Néanmoins la douleur lui demandait des efforts impossibles, elle sentait malgré tout la mort l’appeler, quémandant sa vie d’un ton implacable.
Quelques servantes s’affairaient autour d’elle, tandis que son amie Nimueh lui serrait la main et lui chuchotait inlassablement de doux encouragements. Cependant, même à travers le regard bleuté de la sorcière, Ygraine pouvait discerner que sa fin était proche. Une lueur étrange brillait dans les yeux de Nimueh, comme si cette dernière savait pertinemment ce qui allait se passer. Ce sentiment perturbant accompagna la jeune reine durant des heures.
Une grimace vint déformer le beau visage d’Ygraine des Bois. Ses contractions étaient de plus en plus pénibles, beaucoup plus douloureuses que pour sa première petite fille Vivianne. Le cœur de la jeune femme se serra en pensant à cette dernière. Qu’adviendrait-il de Vivianne si sa mère mourrait ? Aurait-elle une vie heureuse et épanouie ? Et protégerait-elle Arthur ?
Une vive contraction la paralysa violemment sur le lit, l’empêchant de penser davantage à ses enfants. Le véritable travail commençait.
Quelques minutes plus tard, un cri enfantin envahit la chambre royale. Ygraine des Bois rendait son dernier souffle. Et Uther se retrouvait plus seul que jamais.

« Je suis désolée, sire. Mais cela se devait d’être ainsi. »

Camelot était en deuil. Camelot était en fête. Mais surtout : Camelot n’avait pas le moindre soupçon de la tyrannie qui allait se mettre en place. Deux jours plus tard, dès l’aube, la Grande Purge débutait. Elle ferait d’innombrables victimes, bien souvent innocentes. Un climat de peur, de terreur s’était installé dans la plus grande méconnaissance du petit prince. Les saisons se succédaient dans une vitesse effrénée, et la Cour changeait à mesure qu’Arthur grandissait. Seule une constante parvenait à rester : la haine de la magie dans laquelle le prince fut élevé, les tentatives d’assassinats ratées à son encontre et à celle du roi ne faisant que le conforter dans l’idée que la sorcellerie n’était que danger et malédiction.
Dans la plus grande ignorance, Arthur côtoyait pourtant une sorcière depuis ses onze ans : Lady Morgana. Celle-ci avait été adoptée par le roi Uther, après que le père de la jeune noble ait été tué au combat. Très vite, une relation de confiance les rapprocha, et la complicité qui naissait lentement lors des visites de la fillette s'affirma réellement. La considérant comme la sœur qu'il n'avait jamais eu, Arthur fut cependant charmé par la beauté glaciale de Morgana pendant un bref laps de temps. Un flirt qui disparut assez rapidement, quelques semaines après l'arrivée de Merlin à la cour de Camelot. En effet, la nomination de ce dernier en tant que servant attitré du prince changea profondément le quotidien monotone d'Arthur. Malgré les différences qui s'accumulaient contre eux, une amitié des plus étonnantes se forma entre les deux hommes. Une amitié si profonde que, sans la moindre ombre d'hésitation, l'un était souvent capable de sacrifier sa vie pour l'autre et réciproquement. Mais la dynamique de ses relations changera probablement, tout comme les valeurs que prône le Prince lors du retour imminent de Morgana à Camelot, après un an d'absence. Sa destinée ne fait, qu'après tout, que commencer.

Dès sa plus jeune enfance, on apprit au Prince l'art et la manière de combattre. D'innombrables armes sont passées entre les mains d'Arthur, mais son aisance à l'épée reste des plus flagrantes. En effet, il la manie avec agilité, parfois même avec une certaine élégance. Ses gestes sont précis, vifs, et ses coups sont presque parfaits. Mais malgré ce qu'il peut en prétendre, cette expérience ne s'est pas acquise du jour au lendemain. Cela résulte des années d'entraînements rigoureux en bordure du château. Équipé d'une armure, parfois même casque et cape aux couleurs de Camelot, Arthur est devenu un chevalier remarquable. En outre de ses capacités aux combats, son statut de prince héritier de la couronne lui confie par ailleurs la dure responsabilité de superviser, et diriger les chevaliers et leurs entraînements, ainsi que leur recrutement.